Les tensions extrêmes auxquelles sont soumis les services de l’Etat en révèlent le meilleur, et notamment le dévouement et la compétence des agents. Elles ont aussi un effet de révélateur de dysfonctionnements et d’insuffisances souvent antérieurs à cette crise. Il faudra bien, à terme, en tirer les enseignements !
C’est le cas de l’organisation du chômage partiel (ou activité partielle).
La mobilisation maximale du dispositif pour sauvegarder les entreprises ne fait pas question, elle est nécessaire (voir notamment le décret n° 2020-325 du 25 mars 2020 relatif à l’activité partielle). Les demandes explosent et concernent centaines de milliers d’entreprises et millions de salariés, dans des secteurs variés.
Nous ne voulons pas engager de vains débats : en cette période exceptionnelle, la surchauffe de nos services, ici comme ailleurs, est inévitable.
Pour autant, les remontées des agents font clairement apparaître une désorganisation qu’il est urgent de résoudre, à savoir la mauvaise articulation des rôles et responsabilités entre nos services et l’ASP, Agence de Services et de Paiement.
Le paiement du chômage partiel, rappelons-le, a été confié à cet établissement public il y a quelques années. La qualité du service public a-t-elle gagnée à cette externalisation ? Pas sûr. Certes, non an mal an, la gestion des dossiers été assurée…dans une situation de flux constant de demandes
Mais depuis 15 jours, l’ASP est totalement débordée et ne parvient plus à faire face à l’explosion des demandes ! D’où retards de paiement, retards de prise en charge et incapacité manifeste à répondre au raz-de-marée des demandes de renseignements.
Et surchauffe des agents des Direcctes ! Car, comme c’est souvent le cas dans pareille situation, la dernière ligne de défense, c’est le service public : les agents de l’ASP renvoient donc les usagers vers les UD.
Nos services sont submergés d’appels qui ne les concernent pas et les agents sont dépassés ! Les employeurs appellent la Direccte pour le moindre problème, y compris, et même surtout, pour des problèmes techniques liés à l’utilisation de l’applicatif « APART » (identifiants perdus, codes oubliés…), lequel applicatif n’est déjà pas réputé en temps normal pour son efficacité et son ergonomie…
Les agents ne peuvent plus se concentrer sur leur mission à savoir l’instruction des demandes d’activité partielle, les agents s’épuisent dans les services, les conditions travail se détériorent et le ton monte de jour en jour avec les employeurs dont les inquiétudes, déjà fortes au vu de la situation économique, ne font que grandir au gré des annonces imprécises ou sans lendemain.
Cette situation ne peut que s’aggraver dans les jours et semaines qui viennent !
La DGEFP a fait le choix d’externaliser le paiement à un organisme privé parce qu’il est prétendument plus efficace, mais nous voyons bien aujourd’hui les limites des externalisations : quand l’organisme détenteur du marché ne remplit pas son rôle, ce sont les agents qui trinquent !
Pour le SYNTEF-CFDT, la DGEFP en tant que « direction métier » doit assumer son choix jusqu’au bout et exiger de l’ASP qu’elle remplisse ses missions, dans l’intérêt des agents.