Si vous le trouvez, signalez-le d’urgence à Madame…sa ministre du travail. Ne le cherchez pas dans une réunion du Comité Technique Ministériel, vous ne l’y trouverez pas. Attendu au CTM du 22 octobre, il s’est excusé, programmé pour le 8 novembre, il a…déprogrammé. Pour quelqu’un qui fait de la programmation de l’activité l’alpha et l’oméga de l’organisation (voir sa note « modalités d’exercice des missions » ci-dessous évoquée), ça inquiète.
Il y a bien pire : le DGT est en train de perdre « ses » agents, et notamment les agents du système d’inspection du travail (SIT). On le constate à la lecture de ses deux dernières notes – non datées- sur les effectifs et sur l’exercice des missions. Ces notes font la triste démonstration de l’incapacité de la DGT à tenir un discours clair et de vérité en matière d’évolution des effectifs et à assumer une posture managériale digne de ce nom. Incapacité ou déni de réalité ?
Quoi qu’il en soit, il en résultera chez les agents un sentiment qui n’est que trop connu ces dernières années : l’abandon.
1 – La fiche « effectifs » : le problème est dans le titre…
La fiche « effectifs du SIT » prétend donner, comme son titre l’indique, des repères pour l’organisation, à destination des chefs de service, sous la forme d’un état des lieux « précis » de la situation.
Le problème est dans le titre: le seul état des lieux des effectifs – à mars 2021- ne saurait suffire pour décider des organisations de demain, la seule description du présent est insuffisante pour justifier des organisations à venir. Il manque ainsi à ces « repères » une donnée essentielle : l’évolution des effectifs du SIT dans les prochains mois et années. Comment les directeurs régionaux pourraient-ils prendre les décisions appropriées en matière d’organisation des services sans aucune anticipation sur leurs effectifs ? Une projection des effectifs est indispensable, tenant compte des départs naturels prévisibles, des effectifs budgétaires tels qu’ils peuvent être anticipés, des recrutements envisagés.
Malgré nos demandes répétées, la DGT fait le black-out sur cette question. La question des organisations concrètes n’est même pas évoquée. Le seul message clair, subliminal : débrouillez-vous comme vous pouvez pour gérer la pénurie. A la clé, de probables redécoupages des sections, encore !
2 – La fiche « exercice des missions » : Un manager sachant manager doit …
La seconde fiche est écrite en mode « manager ».
Leitmotiv : il faudrait « programmer l’activité » de contrôle, tant collective qu’individuelle.
En matière d’action collective, l’idée n’est pas nouvelle. Mais où est le bilan des actions engagées par nos services, programmées elles aussi, depuis des années ? Faute de bilan partagé, comment rassembler les agents autour d’objectifs qu’on se contente de clamer sans en détailler ni les moyens, ni la méthode de mise en œuvre, ni la mesure de l’effectivité ? Comment surmonter les résistances internes aux actions collectives, et pourquoi ces résistances ? Rien n’est dit, les agents apprécieront…
Sur les actions individuelles, faut-il les programmer ? Sans doute, et les agents de contrôle ne le découvrent pas. Mais on a du mal à suivre le DGT dans sa démonstration, dont il ressort en gros que les UCs doivent laisser tomber le traitement des demandes individuelles au profit des services de renseignement. Encore faudrait-il que les effectifs desdits services, « à l’os », le permettent ( le DGT reconnaît lui-même que les effectifs de ces services « ne doivent plus globalement diminuer »). Et que penser de cette démonstration : l’agent ne devrait pas « s’engager » à « intervenir » dans l’entreprise lorsque les faits relatés « laissent supposer la commission de manquements qui pourraient justifier une intervention ». Au nom de quoi, de quel principe ? Comprenne qui pourra.
Sur l’intérim des sections, le b.a.-ba est rappelé, à savoir le socle minimum de contenu de l’intérim : pourquoi ce rappel, des difficultés d’application auraient-elles été identifiées ? On note aussi cette timide affirmation : « rien ne s’oppose à ce qu’un intérim soit assuré par un agent d’une autre unité de contrôle ». Rien ne s’oppose…, notre manager en chef ne trouve pas le courage de le recommander explicitement et d’écrire que la continuité du service public devrait parfois l’imposer. Pas fou : aux managers de terrain et aux agents de contrôle d’en assumer la responsabilité et d’en payer les pots cassés ! On atteint vraiment là le degré zéro du management.
3 – Divorce, dérive : les risques
Dans le désordre de l’OTE, ces notes tombent particulièrement mal. Elles trahissent une déconnection profonde avec l’état de désorganisation des services et le ressenti des agents. Elles paraissent consommer un véritable divorce d’avec les agents des services déconcentrés.
Ce divorce n’est pas sans risque, entre défaut de pilotage, désorganisation, agressions des agents (en Corse dernièrement), services en déshérence où s’expriment de vives tensions entre les agents et avec la hiérarchie.
Certains en viennent à mettre en cause la légitimité même de la DGT à piloter, d’autres croient trouver dans le refus de la neutralité le sens de leur action.
Refus de la neutralité : au-delà de la question déontologique (terme que la DGT se garde bien d’employer, trop risqué…), cela n’ouvre-t-il pas à une augmentation du risque de tensions et d’agressions lors des contrôles ? Car la perception par l’employeur de la neutralité de l’agent de contrôle ne constitue-t-elle pas une des protections essentielles de cet agent ?