Mesdames les ministres, Mesdames et Messieurs, chers collègues,
Le 2 février 2023, lors du premier CSA de cette mandature, nous appelions de nos vœux à un dialogue social riche, constructif et source de progrès pour les agents et nos collectifs de travail.
Aujourd’hui, à mi-mandat, malgré nos alertes répétées, la situation des agents ne s’améliore pas. Pire, elle se dégrade.
Dans nos déclarations préalables nous avons l’habitude d’illustrer, à travers des exemples concrets, les difficultés que vos agents rencontrent pour exercer leur mission.
Une délégation CFDT s’est ainsi rendue au Havre la semaine dernière pour échanger avec nos collègues de la DDETS 76 sur leurs conditions de travail. Sans surprise, elles sont difficiles. « Comme ailleurs », peuvent parfois répondre certains pour minimiser la réalité des faits. Mais pour autant, cette réalité existe bien. Et il faut que vous en soyez conscientes, Mesdames les ministres.
Au-delà des difficultés intrinsèques liées à l’exercice de leurs fonctions, nos collègues affectés en DDETS se retrouvent confrontés à une incurie administrative sans précédent.
Les mois passent, les années passent, rien ne change.
Quatre ans après OTE, le constat est sans appel : les SGC-D ne sont toujours pas en capacité d’assurer correctement les missions qui leur incombent. Nous vous proposons d’ailleurs de vous citer deux exemples concrets, mais nous pourrions en citer bien d’autres. Le premier concerne nos collègues Havrais que nous avons rencontrés la semaine passée. Dans le cadre d’un changement de marché des photocopieurs, il a été demandé aux agents d’installer eux même physiquement et numériquement les nouveaux photocopieurs à l’aide de tutoriels disponibles sur internet. Plus précisément : il leur a été demandé de récupérer les photocopieurs livrés au pied de l’immeuble, de les monter eux même au 3e étage puis de procéder au câblage réseau et à leur installation sur chacun des postes de travail. Est-ce normal ?
Dans deux autres départements, les SGC-D ont oublié de renouveler la commande de papiers : pour les photocopieurs, mais aussi pour les sanitaires. Heureusement, la DREETS locale a « dépanné » les DDETS en question en leur fournissant des ramettes A4 et du papier hygiénique.
Est-ce cela la réalité du service public aujourd’hui ?
S’il ne s’agissait que « d’incident isolés » Mesdames les ministres, cela pourrait prêter à sourire. Mais ce n’est pas le cas. Ces types de fonctionnement sont quotidiens et réguliers, partout dans les DDETS de France, et sur tous les sujets : RH, financiers, etc. Cela conduit beaucoup d’agents à adopter des principes de renoncement : renoncement à demander des EPI ou fournitures – certains les achetant sur leurs deniers personnels –, renoncement à suivre des formations…
La liste est longue.
Est-ce cela le projet de service porté par nos ministres et par les responsables d’administrations centrales pour les agents ? Nous ne pouvons pas l’imaginer une seule seconde.
Madame la ministre PANOSYAN-BOUVET, vous disiez lors de notre rencontre du mois d’octobre 2024, que vous ne souhaitiez pas être jugée sur votre capacité à obtenir davantage d’effectifs auprès de Bercy. Dont acte. Nous n’allons évidemment pas vous dire aujourd’hui qu’il ne faut pas davantage d’effectifs pour réaliser les missions – a minima. Nous n’allons pas vous dire non plus qu’il n’est pas nécessaire d’améliorer réellement les rémunérations des agents de votre ministère. Et nous ne vous dirons pas, enfin, qu’il n’est pas nécessaire d’organiser une politique de prévention nationale.
Toutefois, ce que la CFDT vous demande, Mesdames les ministres, c’est de rouvrir la question de l’organisation territoriale de nos services déconcentrés.
Notre constat est clair. La réforme OTE a totalement rompu les liens entre l’échelon régional et départemental.
La réforme OTE a introduit beaucoup de complexités à la fois dans le quotidien, mais aussi dans le processus décisionnel. Entre préfecture, SGC-D, DDETS, DDETSPP, D(R)EETS, DR(I)EETS, administration centrale : d’un département à l’autre, d’une région à l’autre, PERSONNE NE SAIT QUI FAIT QUOI.
La réforme OTE a mis à mal les conditions de travail de vos agents.
En résumé, la réforme OTE a amoindri l’efficacité de l’action publique au contraire même de ce qu’elle était supposée améliorer.
Mesdames les ministres, la CFDT est attachée à un service public de qualité. C’est l’essence même de notre engagement au quotidien.
Mesdames les ministres, aujourd’hui, nous vous demandons d’agir. Rétablissez nos moyens. Rétablissez l’autorité ministérielle dans les services. Et redonnez au service public – s’il vous plait – la place qu’il mérite.
Merci de votre attention.